Plan Nord: les Innus contre-attaquent!

En guise de mise-à-jour sur l’article de l’UCL, “Le Plan Nord et le développement inégal au Québec

Côte-Nord: les Innus bloquent la 138

Jeudi 9 juin 2011 à 19 h 50 HAE

Depuis 7 h, jeudi matin, les Innus interrompent le passage des véhicules toutes les demi-heures. Le mouvement de protestation prendra fin vers 21 h. Les Innus ont entrepris leurs moyens de pression même si le chef de Pessamit, Raphaël Picard, a pu, mercredi, s’entretenir avec le premier ministre, Jean Charest, comme il l’avait demandé. Une rencontre entre Raphaël Picard et le premier ministre doit être organisée à court terme.

Le chef de Pessamit souhaite obtenir des résultats concrets : « Ça fait des années qu’on regarde le train passer, et là, c’est fini. Il faut des résultats tangibles. On n’est pas contre le développement régional, on est aussi des développeurs, on a trois gros projets en santé. On ne veut pas hypothéquer dans le Plan Nord nos droits et notre titre aborigène. »

carte-bestiamites

Les protestaires ont installé des barricades à l’entrée et à la sortie de réserve innue de Betsiamites

Pour sa part, le ministre responsable des affaires autochtones, Geoffrey Kelley, a convoqué une rencontre de discussion vendredi après-midi, mais il rappelle que les Innus de Pessamit ont refusé d’être consultés dans le cadre de l’élaboration du Plan Nord.

« Il y avait une revendication particulière pour régler le dossier de la 138 avec le gouvernement fédéral, ils l’ont refusée. Mon prédécesseur a écrit pour demander s’ils aimeraient participer aux discussions autour le Plan Nord, ils ont refusé », relate le ministre Kelley qui demande au chef Picard de faire preuve d’un peu plus de souplesse. (Note: car les êtres souverains ne revendiquent pas, ils prennent, ou reprennent, et affirment leur force)

Le gouvernement québécois n’aurait pas l’intention d’empêcher le blocus partiel.

Le chef des Innus de Pessamit explique qu’il a choisi de ne pas s’associer aux discussions pour préserver ses droits. « Quand on consent de facto, sans entente préalable, le danger c’est qu’il y a une cession et une suppression de nos droits de facto. […] Les Cris, sont très l’aise parce qu’ils ont cédé leurs droits déjà », précise le chef innu.

Les quelque 200 protestataires, appuyés par le conseil de bande, préviennent le gouvernement que tout projet touchant leur territoire ancestral sera contesté tant qu’ils n’y seront pas associés comme partenaires de plein droit.

Le barrage routier est l’aboutissement de plusieurs années de revendications politiques et judiciaires des Innus. Pessamit réclame des milliards de dollars en compensation rétroactive pour le développement hydroélectrique du territoire qui, autrefois, assurait leur subsistance.

Si les Innus n’obtiennent pas satisfaction, la route sera à nouveau fermée mardi et vendredi de la semaine prochaine.

Raphaël Picard est conscient que le mouvement de contestation risque de soulever la grogne puisque la route est le seul lien routier de l’ouest à l’est dans la région.

Il suffirait de peu pour que les esprits s’échauffent. Le conseil de bande a ainsi prévenu ses citoyens de ne pas provoquer ou répondre aux provocations des automobilistes. Les protestataires ciblent uniquement les transporteurs commerciaux afin de ne pas s’aliéner les gens ordinaires qui n’ont pas d’autre alternative que la 138 pour se déplacer. Mardi, les autochtones promettent par contre de bloquer totalement le transport commercial par camion lourd.

Les forces policières de la communauté et la Sûreté du Québec surveillent les barricades érigées à chaque bout de la réserve autochtone.

(…) Un blocus complet de la route 138 pourrait causer un tort important au projet de La Romaine, a fait valoir, pour sa part, le députée de Duplessis, Lorraine Richard.

Source

De Rue Frontenac:

En attendant, le barrage fait rager la mairesse de Baie-Comeau, Christine Brisson. « Cette route constitue le seul lien terrestre qui nous relie au reste du Québec. Il est inacceptable que le chef Picard utilise ce genre de moyen de pression qui prend la population de la Côte-Nord en otage », a-t-elle affirmé dans un communiqué émis en fin de journée jeudi.

Selon elle, le chef Picard « contribue directement à engendrer des tensions sociales » entre les communautés de la Côte-Nord, et nuit à l’économie en « pertes de temps et coûts supplémentaires au chapitre du transport routier des marchandises ».

Rien pour faire reculer les Innus de Pessamit. « Nous, ça fait 150 ans qu’on est en otages sur la réserve, répond Raphaël Picard. Les entreprises de Baie Comeau nous ont exclus de l’embauche. Je pense que la mairesse devrait faire un examen de conscience. »

Note de Vn: il serait un peu prématuré de présenter cette lutte comme ayant des portées et un caractère radicales, car jusqu’à maintenant il semble qu’il s’agisse d’une action de perturbation limitée -malgré sa force d’impact- et aux enjeux partiellement capitalistes. Il est probable qu’un nouveau projet soit remis sur la table des bureaucrates du développement, afin d’inclure certaines revendications autochtones, résultant au bas de l’équation en une autre entente bilatérale comme il y a eu des tonnes au Canada comme dans le reste du continent, finissant toujours par aliéner les peuples autochtones dans leurs droits culturels et territoriaux. Car comme le sait, par essence le capitalisme se contrefout des droits.

Ce peut aussi être un point de départ pour une résistance plus profonde à la machine du développement industriel capitaliste dans le Nord. Cela dépend de ce qu’on en fait, comme pour le reste…

Soutenons leur effort de résistance à l’invasion du développement!

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