En Grèce, se Soleil se lève encore… Parte 3

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Final part in this translation of “The Sun Still Rises” by the Fire Cells Conspiracy of Greece.

Dernière partie -et la plus cruciale- du texte “The Sun Still Rises”, de la Conspiration des Cellules du feu, traduit par Anabraxas (parties précédentes ici et ). Diffusez-le dans vos réseaux, et aussi en dehors, autant que possible. Comprenez-le comme est un appel…

5- La première phase de la Conspiration, et proposition d’une “Nouvelle Conspiration”

La guérilla est finalement sortie des pages de livres traitant des décennies passées et a envahi la rue avec férocité. C’est parce que la guérilla urbaine n’offre pas une utopie de la liberté. Elle donne accès à la liberté immédiate. En concordance, chaque personne commence à se définir d’elle-même et se libérer de la passivité de la société.

Il y a maintenant un bruit qui court partout; c’est le bruit merveilleux de la destruction à grande échelle, accompagné du discours révolutionnaire requis venant à la suite les explosions de cibles au service de la domination. Une armada déterminée de groupes anarchistes met le feu à la tranquilité au milieu de la nuit, des groupes dont les noms reflètent le “menu” qu’ils amènent au système (Athènes: Conduite déviante pour la propagation du terrorisme révolutionnaire, Guerriers de l’Abysse/Complicité terroriste, Combatants de la conscience révolutionnaire, Formation de guérilla Lambros Fountas; à Thessaloniki: Guerriers du Chaos, Cellule d’attaque de solidarité, Cellule d’attaque incendiaire, Orchestrateurs du désordre nocturne, Cellule Feu aux frontières, Cellule de la conscience combattive, Cellule de solidarité révolutionnaire, etc).
La plupart de ces groupes ont aussi expérimenté avec un nouveau projet international de libération en tant que complices dans l’alliance connue sous le nom de Front révolutionnaire international/Fédération Anarchiste Informelle. Ceux-celles d’entre nous qui ont admis leur responsabilité en tant que membres de la Conspiration des cellules du feu ne se sentent aucunement intimités-es par les douzaines d’années de prison que les tribunaux nous réservent. Et déjà, nous sommes en train de créer un collectif actif à l’intérieur des prisons.
Nous savons que, pour nous, la phase d’ouverture de la lutte a été achevée. Malgré cela nous savons aussi que tout n’est pas fini. La Conspiration ne restera pas désarmée. Elle continuera d’être un engagment valide en prison, autant qu’une proposition ouverte à sa zone antagoniste qu’est la métropole.

La Conspiration des cellules du feu s’est réalisées comme étant un réseau de cellules, aussi simplement que le nom le suggère. À ce moment-ci, nous ne tenterons pas d’aller au-delà de la trame de ses opérations passées. Nous voulons simplement clarifier sa perspective politique.

Nous croyons que de s’engager dans une nouvelle Conspiration approche de plus près l’essence du mot, or nous ouvrons cette possibilité en vous proposant une nouvelle Conspiration qui comprendra un réseau diffus et invisible de cellules qui n’ont pas de raison de se rencontrer en personne, mais qui à travers leurs actions et discours se reconnaissent les uns-es des autres comme camarades dans le même crime politique: la subversion de la Loi et de l’Ordre. Cette Conspiration consistera en des individus et de cellules qui passent à l’action, que ce soit de façon autonome ou coordonnée (à travers des appels et communiqués), sans nécessiter dêtre d’accords sur chaque position et référence plus ou moins spécifique (ex. Nihilisme, individualisme, etc). Plutôt, ils prendront contact sur la base d’aide mutuelle, centrée sur trois points:

Le premier point que nous proposons dans ce débat informel est l’entente sur un choix d’action directe ayant recours à tous les moyens capables d’endommager l’infrastructure de l’ennemi. Sans hiérarchisation des méthodes de la violence, les camarades peuvent recourir aux pierres comme aux Kalashnikovs. Cependant, l’action directe à elle seule n’est qu’une autre entrée dans les fichiers de la police, or elle devrait être accompagnée d’un communiqué correspondant d’une cellule ou d’un individu déclare sa responsabilité et expliquant les raisons derrière l’attaque, répandant ainsi le discours révolutionnaire. La plume et le pistolet sont faits du même métal. Et ici, notons que la Conspiration de la période qui vient de se terminer n’a jamais rejeté la méthode incendiaire de son arsenal. Ce serait manquer dégard pour nous si un camarade de cette nouvelle Conspiration prétendrait recourir à une méthode soi-disant supérieure (ex. des explosifs). La nouvelle guérilla urbaine dépends beaucoup moins des méthodes opérationnelles que de notre décision d’attaquer le pouvoir.

Le second point d’entente est de mener la guerre contre l’État tout en s’engageant simultanément dans une critique de la société. Parce que nous sommes anarchistes révolutionnaires, nous ne parlons pas seulement du mauvais sort ou de l’injustice causés par le pouvoir et l’oligarchie au pouvoir. Nous exerçons aussi une critique compréhensive de la façon par laquelle les opprimés-es acceptent et propagent aussi les promesses de bonheur dans le consumérisme offertes par les (leurs) patrons.

Le fait que nous nous lançons dans une lutte contre l’État ne veut pas dire que nous nous aveuglons du complexe de pouvoir diffus qui régit les relations interpersonnelles contemporaines. Le discours antiautoritaire a tendance à altérer et généraliser un concept comme l’État, en débarassant le reste des gens qui constituent la société de leur responsabilité dedans. Faire cela crée une perspective stérile qui traite des secteurs de la société entiers comme des sujets révolutionnaires, que ce soit les appelant prolétariat ou les opprimés-es, sans ne jamais révéler la responsabilité individuelle que chacun-e de nous assumons dans l’esclavage au quotidien.

“L’État n’est pas une forteresse. On n’y trouve pas de portes pouvant nous mener à une sorte d’engin ou machine qui peut être mise à “Off” en abaissant un levier. L’État n’est pas un monstre qu’on peut tuer avec un pieu planté en son coeur. C’est quelque chose de plutôt différent. Nous pourrions le comparer à un système: un réseau comprenant des milliers de machines et d’interrupteurs. Et ce réseau ne s’impose pas sur la société de par le haut. Il se répand à travers la société de l’intérieur. Il s’étend même à la sphère de la vie privée, atteignant et touchant nos émotions jusqu’à un niveau cellulaire. Il moule la conscience et est moulu aussi par elle. Il connecte et unit la société, qui en retour le nourrit et le sanctifie dans un échange continuel de valeurs et de normes. Dans ce jeu, il n’y a pas de spectateurs. Chacun-e y joue un rôle actif.”

-Costa Pappas, “No Going Back”

L’ennemi peut être trouvé dans chaque bouche qui parle le langage de la domination. Il n’est pas exclusif à une ethnie ou classe sociale. Il ne consiste pas qu’en des gouvernants et toute la dictature en complet-cravate. C’est aussi le prolétaire qui aspire à devenir patron, l’opprimé dont la bouche crache du venim nationaliste, l’immigrant qui glorifie la vie dans la civilisation occidentale mais qui se conduit comme un petit despote parmi ses semblables, le prisonnier qui délate les autres aux gardes… c’est toute mentalité qui accueille le pouvoir, et toute conscience qui le tolère.

Nous ne croyons pas en une idéologie de victimisation dans laquelle l’État prend tout le blâme. Les grands empires n’était pas seulement bâtis sur l’oppression; ils étaient aussi fondés sur un consentement des masses applaudissant dans les arènes de la Rome de tous les âges et sous chaque dictateur. Pour nous, la sujette révolutionnaire est chacune qui se libère des obligations du présent, questionne l’ordre dominant, et prend part à une quête criminelle pour la liberté.

En tant que première phase de la Conspiration, ça ne nous intéresse pas de représenter qui que ce soit, comme nous ne passons pas à l’action au nom d’une quelconque classe ou comme les défenseurs d’une société d’opprimés. Le sujet, c’est nous, car chaque rebelle est sujet-te dans une révolution qui parle toujours à la première personne pour éventuellement construire un authentique “nous” collectif.

Le troisième point d’entente de notre proposition pour une nouvelle Conspiration est la solidarité internationale révolutionnaire. En vérité, notre désir d’impliquer l’ensemble de nous-mêmes à créer des moments d’attaque sur l’ordre mondial pourrait coûter la vie à certains-es d’entre nous, alors que plusieurs vont se retrouver en prison. “Nous”, ici ne réfère pas à la Conspiration ni à d’autre organisation. Ça réfère à chaque insurgé-e, qu’ils prennent part à un groupe de guérilla ou qu’ils-elles passent à l’action individuellement sur leur chemin vers la liberté.

En tant que première phase de la Conspiration, notre désir et proposition à chaque cellule est que la force de la solidarité révolutionnaire soit pleinement exprimée -d’une solidarité qui crie à travers les textes, actions armées, attaques et le sabotage pour atteindre les oreilles des camarades persécutés et emprisonnés, peu importe leur éloignement les uns des autres.

La solidarité dont nous parlons n’a pas besoin de ceux qui montrent leur solidarité pour exprimer une identité politique absolue avec les accusés. C’est simplement une commune reconnaissance que nous sommes du même côté des barricades et que nous nous reconnaissons les uns des autres dans cette lutte, comme autre couteau dans le ventre du pouvoir. Nous proposons alors de supporter la Fédération anarchiste informelle/Front révolutionnaire international, pour qu’il puisse fonctionner- tel que ce fut démontré récemment par les camarades italiens de la FAI (Federazione anarchicha informale)- comme engin de propulsion.
En partant de ce point, tout camarade qui est en accord (évidemment sans avoir à s’identifier) avec ces trois axes de l’entente informelle que nous proposons ici peut, si elle le veut, utiliser le nom de Conspiration des cellules de feu en référence avec la cellule autonome dont elle fait partie. Exactement comme les camarades hollandais qui, sans ne se connaître les uns des autres personnellement mais plutôt se reconnaître dans le cadre de la consistance entre le discours et la pratique, ont attaqué une infrastructure de domination (attaque incendiaire ET informatique contre la tour Rabobank) et en l’ont revendiqué en tant que “Cellule hollandaise de la Conspiration des cellules du feu”.

Nous sentons qu’un réseau de cellules comme celles-ci, dénuées de structure centralisée, est capable d’excéder de loin les limites des plans individuels tout en explorant les réelles possibilités de la coordination révolutionnaire au sein de structures autonomes minoritaires. Ces structures -sans n’avoir nécessairement à se connaître personnellement- vont à leur tour être capables d’organizer de nouvelles attaques incendiaires et campagnes d’attaques aux explosifs à travers la Grèce, et aussi à un niveau international, communiquant ainsi à travers leurs communiqués.

(nota: pour ceux-celles qui n’ont pas lu entre les lignes jusqu’à maintenant, cette proposition est concrète et immédiate)

Car nous vivons en des temps de suspition, nous devons clarifier quelque chose: que les actions clâmées sous le nom de la Conspiration des cellules du feu qui ne sont consistantes avec aucun des points que nous avons élaboré et qui ne prennent pas les précautions nécessaires pour prévenir les dommages à quoi ou qui que ce soit d’autre que la cible de sabotage elle-même va définitevement attiser notre suspition, vu la probabilité qu’elles aient été menées par des agents de l’État (…qui, en générale, n’ont que faire de la vie de civils innocents).

Pour retourner à notre proposition, l’anonymat en regard avec le contact personnel aura comme effet de renforcir la nature fermée des cellules autonomes, les rendant plus difficiles
à être compromises par la police. Même l’arrestation d’une cellule entière qui représente une partie de la nouvelle Conspiration ne conduira pas les autorités persécutrices à d’autres cellules, évitant alors les effets domino bien connus qui se déroulent à notre époque.

Par le passé, le fait que nous, camarades de la première phase, peuvent ne pas avoir été impliqués dans certains incidents ne nous a jamais empêché d’exprimer publiquement notre support ou notre critique, et le même s’applique au présent si de nouveaux camarades choisissent d’utiliser le nom de l’organisation.

Sans n’avoir besoin de se connaître, à travers les communiqués qui accompagnent les attaques nous pouvons ouvrir le débat sur des réflections et problèmes qui, même si vus à travers des lunettes différentes, seront certainement concentrées vers la même direction: la révolution.

Conséquemment, nous, les camarades de la première phase assumons maintenant la responsabilité pour le discours que nous avons provoqué de l’intérieur des prisons en signant en tant que Conspiration des cellules de feu, suivies de nos noms.

La nouvelle Conspiration maintiendra et préservera son indépendance de coutume, écrivant sa propre histoire de lutte. Cette signifiante continuité va sûrement connecter les points sur la carte de la rébellion, les poussant vers la destination finale de la révolution.

6- L’épilogue reste à être écrit

À travers nos actions, nous propageons une révolution qui nous touche directement, tout en contribuant à la destruction de cette société bourgeoise. Le but n’est pas seulement de décapiter les idoles du pouvoir, mais de complètement renverser les idées courantes sur les plaisirs matériels et les espoirs qui les alimentent.

Nous savons que notre quête nous connecte à plusieurs autres gens à travers le monde, et via ce pamphlet nous voulons leur envoyer nos plus chaleureux égards: la Conspiration des Cellules du Feu des Pays-Bas, la FAI en Italie, la Cellule autonome pour la révolution immédiate Praxedis G. Guerrero ainsi que la ELF/ALF au Mexique; la ELF de Russie; les anarchistes à Bristol, en Argentine et en Turquie; le Autonome Gruppen en Allemagne; les camarades en Suisse, Pologne, Espagne et à Londres; ainsi que tout le monde que nous oublions, luttant partout où fleurit le rejet de ce monde.

Ce texte n’a pas d’épilogue, parce que la praxis va toujours continuer à se nourrir et se transformer d’elle-même. Nous nous contenteront que d’un bref arrêt, concluant avec les quelques mots que quelqu’un a déjà prononcé:

“C’est un moment étonnant lorsque l’attaque contre l’ordre mondial se met en branle. Même au tout commencement -où c’était presque imperceptible- nous savions déjà que très bientôt, peu importe ce qui arriverait, rien ne serait jamais comme avant. C’est une charge qui commence lentement, puis accélère son rythme, dépasse le point de non-retour, et irrévocablement détonne ce qui semblait jadis incassable- si solide et protégé, et en même temps destiné à s’effondrer- tout fracassé par le conflit et le désordre… Sur ce chemin qui est le nôtre, plusieurs ont été tués ou arrêtés, et certains sont encore dans les mains de l’ennemi. D’autres se sont rescapé de la bataille ou ont été blessés, pour ne jamais réapparaître. Il y en a même qui ont manqué de courage et ont battu en retraite. Mais je dois dire que notre groupe ne s’est jamais replié, même face au coeur même de sa destruction.”

– Conspiraton des cellules du feu:  Gerasimos Tsakalos, Olga Economidou, Haris Hatzimichelakis, Christos Tsakalos, Giorgos Nikolopoulos, Michalis Nikolopoulos, Damiano Bolano, Panayiotis Argyrou, Giorgos Polydoras

(Traduction: Anabraxas)

325 zine, #8 (PDF)

International call for Solidarity from the members of “Revolutionary Struggle”

Juralibertaire: À propros des Cellules de feu, et du sort actuel de plusieurs membres de la Conspiration, à la suite de leur procès.

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